Née en campagne, j’ai grandi en ville à chercher le fleuve. D’un bout du monde à l’autre, des Îles au Bic en passant par Gaspé, j’ai rêvé d’une maison où je serais chez moi. C’est par cette quête que je me suis mise à écrire. Aujourd’hui revenue aux ruelles d’enfances de Montréal, j’y plante chaque printemps des nouvelles racines dans le triangle du ciel permis et découvre un nouveau territoire intérieur. Cette maison, c’est par les mots que je la bâtis. Je fais de la poésie comme d’autres sculptent l’argile. J’aborde le travail de création le corps entier impliqué à apprivoiser les sons et les images qui naissent. Les mots me permettent de vivre toutes les vies qui m’habitent, ces prismes par lesquels je découvre, toujours aussi fascinée, toutes les nuances du réel. D’un recueil à l’autre, je poursuis le chantier en cours, érige des brise-lames pour ralentir l’érosion, le travail acharné de la mémoire. Et là, dans l’impermanence du poème, je me sens chez moi. Assise en pays sûr. Assez pour partager la passion, déployer la lumière, la multiplier, l’accompagner dans chaque faille pour lui donner tout l’espace, le souffle, nécessaire au brasier. Depuis, j’enseigne. D’abord aux courageux adultes en processus d’alphabétisation, aux nouveaux arrivants qui découvrent la langue comme une main tendue, et maintenant, au collégial à des êtres humains en éclosion qui rencontrent parfois leur voix pour la première fois. J’anime aussi des ateliers de création dans divers contextes et chaque fois, je suis reconnaissante de tous ces liens de rencontre que la littérature permet.
Mon univers : les œuvres marquantes
C'est par Réjean Ducharme que j'ai compris pour la première fois que les mots me sauveraient de tout. Je suis entrée dans L'Océantume et L'Avalée des avalés comme on tombe en amour, un coup de foudre qui change tout. Le film Léolo de Jean-Claude Lauzon est venu me tatouer au cœur la phrase « Parce que moi je rêve, moi je ne le suis pas » qui éclaire la route depuis. La poésie de Louise Dupré, plus particulièrement son magistral Plus haut que les flammes est une inspiration de tous les jours pour la puissance du quotidien quand il trouve les bons mots pour décrire le silence. Puis sont venus Virginia Woolf, Anaïs Nin, Emmanuel Carrère, Sorj Chalendon, Marie Uguay, Hélène Dorion, Dominique Fortier, Lise Tremblay, Ouanessa Younsi, et tant d'autres, comme des grandes fenêtres ouvertes sur l’horizon.